Interview avec Yang Yongliang
Interview de Yang Yongliang (杨泳梁) par Yuhui Liao-Fan.
Yuhui Liao-Fan : Qu’est ce que c’est « la photographie » pour vous ?
Yang Yongliang : Pour moi, la photographie est une manière d’enregistrer, à travers cette dernière, pour exprimer ou ne pas exprimer son opinion personnel ou son émotion. Au même moment, c’est une technique. Elle s’adapte au gré du changement d’époque. Bien que j’emploie cette technique dans mon approche créative, elle ne correspond pas au sens strict de la « photographie ».
Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pouvez écrire une introduction biographique ?
Yang Yongliang : Je suis né à Jia Ding à Shanghai en 1980. Depuis mon jeune âge, pendant près de dix ans, j’ai étudié la peinture, la calligraphie et diverses formes d’art traditionnelles chinoises avec le professeur Yang Yang de la Chinese University de Hong Kong. Je suis entré à l’Académie des Beaux-Arts de Shanghai en 1995, puis j’ai suivi une spécialisation en design de communication visuelle à China Academy of Art en 1999. En 2004, j’ai fondé mon propre studio. De nombreux courts métrages expérimentaux ainsi que de mes travaux personnels ont gagnés et on été sélectionnés pour des prix nationaux. En 2005, j’ai débuté des créations d’art moderne. Depuis 2006, j’enseigne à Shanghai Fudan Institute of Visual Arts.
Yuhui Liao-Fan : Quel est votre histoire de photographe ?
Yang Yongliang : Après l’obtention de mon diplôme d’universitaire en Design, avec mes camarades de classe, nous avons créé une société de publicité et d’animation. Par la suite, après avoir abandonné l’activité commerciale, j’ai commencé ma propre exploration artistique.
Yuhui Liao-Fan : Pouvez vous décrire votre travail ? Comment définiriez vous vos photographies ?
Yang Yongliang : Sur le plan technique, mon travail est réalisé à partir de multiples techniques, ceci comprend l’intérêt pour l’esthétique de la peinture chinoise ancienne, à la fois une technique de photographique et d’imagerie totalement innovante. Tout ceci vient du développement intellectuel et des contextes complexes de ma vie personnelle. Depuis enfant, je connaissais l’art et la culture chinoise traditionnelles, plus tard, j’ai étudié l’art occidental et les arts appliqués. Par conséquent, tout ceci a conduit inévitablement à la naissance de mon travail artistique.
Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pouvez dire quelque mots sur votre technique ?
Yang Yongliang : J’utilise la photographie numérique et des images de synthèse.
Yuhui Liao-Fan : Est-ce que les aspects techniques sont importants dans votre travail ou ce qui compte n’est que le résultat final ?
Yang Yongliang : Pour le moment, l’aspect technique tient une place prédominante dans mon travail. Je considère que l’art et l’œuvre en lui même ne sont qu’une sorte d’équilibre. Si la technique est insuffisante, le public n’arrivera pas à comprendre le sens originel du travail artistique. En même temps, si vous possédez trop de technique, la relation entre le milieu artistique et commercial conduit à faire perdre l’œuvre elle-même. C’est donc une relation de contraintes mutuelle.
Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pensez que la photographie contemporaine chinoise est différente de celle occidentale ? Si oui quelles sont ces différences et comment les expliquait vous ? Est-ce que vous pensez qu’on peut parler d’une « école chinoise » ou la photographie aujourd’hui est globalisée ?
Yang Yongliang : Il faut élaborer ce sujet en deux points, d’une part, du point de vue de la technique, de sa forme, ainsi que son approche créative. L’art photographique est le fruit issu de la science, du standard esthétique et de la philosophie occidentale, par conséquent, l’exploration dans ce contexte a lui-même certaines limites. De ce point, à grande échelle, l’Asie et l’Occident sont assez proches.
Du point du contenu, la particularité de la culture chinoise traditionnelle, est en train de traverser une période spéciale de l’histoire dont elle ne connaissait pas (verticale et horizontale). Elle se développe à une vitesse sans précédent, son contenu singulier est donc visible.
Yuhui Liao-Fan : Comment la photographie chinoise a évolué au cours de dernières années ? Comment décririez vous l’histoire récente de la photographie en Chine ?
Yang Yongliang : Il est en fait difficile de classer mon travail dans la catégorie de la photographie. En réalité, je ne connais pas très bien l’histoire récente de la photographie en Chine. Pour compenser, je vais partir du domaine plus général de l’art et de la société pour évoquer mon point de vue ci-dessous.
La société chinoise a connu d’innombrables bouleversements et changements. Culturellement parlant, les écarts se creusent de plus en plus. La société se développe à une vitesse frénétique, cela produit des inégalités et des déséquilibres. C’est une particularité qui est spécifique à chaque époque dans chaque société. Cette singularité a ses avantages et ses inconvénients. D’une part, elle crée de conflits et des inégalités extrêmes. Les artistes sont des êtres sensibles, ils peuvent avoir une réaction « excessive » vis-à-vis des choses qui les entourent. Cette réaction « excessive » est la source de l’essence artistique. L’inspiration artistique des artistes chinois vient justement de ces conflits et de ces inégalités extrêmes.
Le côté négatif de tout ceci est que la culture traditionnelle chinoise est sans cesse détériorée. Ce genre de dégradation apparaît dans l’histoire lors de changement des dynasties. L’influence de la culture étrangère se verra sur le changement d’idéologie et sur la construction du développement d’une société moderne. Les chinois ont des difficultés à voir clairement l’origine de leur propre culture, son développement et sa trajectoire d’évolution. De ce fait, il est autant plus difficile pour les artistes chinois de trouver une place artistique appartenant à l’héritage de la culture chinoise. La forme artistique se transforme facilement -devint ainsi la nouvelle eldorado- d’arts plagiés, arts ennuyants et arts vulgaires.
Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous avez un vœu ou un rêve photographique, tant pur ce qui vous concerne que pour la photographie contemporaine chinoise ?
Yang Yongliang : Vis à vis de l’environnement extérieur, je n’ai aucune illusion ni attente, la volonté de l’homme ne peut rien changer en cela, je crois au travail bien fait. Cela suffit d’être responsable de chacun de ses œuvres.
Yuhui Liao-Fan : Est-ce que en Chine est fondamentale de vivre dans une très grande ville comme Pékin ou Shanghai ou -par exemple grâce à internet- la ville dans la quelle on habite n’est plus un choix obligé ?
Yang Yongliang : Je pense que la base de la carrière est en elle-même, l’environnement extérieur n’est qu’une facteur externe. Comme vous dites, la technologie moderne apporte déjà de facteurs externes très puissants.
Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pensez que c’est important d’avoir un site internet ou un blog ? Est-ce que il est est fondamental qu’il soit traduit en diverses langues par exemple en anglais ? Comment internet contribue à la diffusion de la photographie contemporaine chinoise ?
Yang Yongliang : Vivant dans cette ère informatisée, selon mon expérience, si l’œuvre est assez puissant, il est difficile que le(s) talent(s) ne soit pas découvert.
Yuhui Liao-Fan : Comment vous décrivez le milieu artistique et photographique en Chine ? Est-ce qu’il y a souvent des expositions, des festivals, des manifestations, etc ? Et le milieu professionnel et commercial ?
Yang Yongliang : Aujourd’hui, il est difficile de séparer le monde de l’art et de la photographie. Seuls les médias et les moyens utilisés sont différents. Concernant le rapport entre le monde artistique et celui des affaires, je sais seulement que le premier s’approche du second.
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